Jérôme Dubuis

Extrait de "Nous c'est vous"

#sociologie #insertion #politiquedelaville

Titulaire d’un master 2 en sociologie et urbanisme en 2002, Jérôme Dubuis a débuté sa carrière professionnelle dans une association chargée d’insertion locale. De septembre 2006 à septembre 2008, il est recruté par Moderniser Sans Exclure Rhône-Alpes comme animateur de communication sociale. Jérôme a développé et animé le réseau de partenaires de l’association et a travaillé sur les quartiers prioritaires dans le cadre de la Politique de la Ville suite aux émeutes urbaines de 2005 dans la région lyonnaise. Chez MSERA, il croise le doctorant Mohamed Amara qui faisait une thèse sur l’automédiatisation et la communication sociale axée autour de l’usage d’observations quotidiennes collectées dans un but de recherche. Jérôme est revenu chez MSERA de juin 2010 à juin 2012, après avoir œuvré auprès d’une mission locale en Haute-Savoie. Il n’a jamais cessé de suivre les actions de l’association et a participé ponctuellement à son Comité d’Orientation.

PDF JEROME DUBUIS.pdf

PDF du témoignage complet de Jérôme Dubuis disponible.

LE MATÉRIAU SOCIOLOGIQUE RECUEILLI EST PRÉCIEUX POUR SUSCITER UNE PRISE DE CONSCIENCE

Des liens entre sociologie et automédiatisation


Pour Jérôme Dubuis, la parole et l’action sont au cœur des deux approches, notamment à travers les entretiens, les questionnaires, ou encore l’observation des participants. Il se servait auparavant d’un dictaphone et a découvert le support vidéo à un moment où l’image prenait une place prépondérante en termes de support de communication.

Donner la parole aux jeunes


A la suite des émeutes de 2005, la préfecture souhaitait questionner les raisons du sentiment d’exclusion des jeunes et a tenu à lancer des démarches citoyennes collectives. Jérôme a développé les projets en lien avec les équipes des contrats de villes des communes périphériques.

Il raconte : « Nous avons donc mené des opérations pour capter la parole de groupes de jeunes de l’agglomération lyonnaise en lien avec des partenaires institutionnels. Nous avons extrait un matériau dans le but de susciter une prise de conscience auprès de ces jeunes, et tenter de leur redonner confiance afin qu’ils puissent trouver leur place dans la collectivité ».

Convaincre les entreprises nécessite un travail dans la durée


Jérôme Dubuis a travaillé souvent en binôme avec Mohamed Amara – Ce dernier a interviewé Marie Le Gall à ce sujet (cf. préface) – et Odette Tachet, à l’époque présidente de MSERA. S’il a animé des séances, il est aussi passé derrière la caméra.

« Je n’avais aucune connaissance en vidéo, en tournage ou en montage. J’ai tout appris sur le tas et j’ai bénéficié d’une grande autonomie dans le cadre d’un mode de fonctionnement associatif. Je m’étais aussi donné comme objectif de convaincre des entreprises de l’intérêt fort de notre démarche. C’était un travail de fond, qui reposait sur la durée et nécessitait de mobiliser beaucoup d’énergies ».

Jérôme Dubuis

« En sociologie, il y a la question de « recherche-action » que je trouvais très complémentaire à l’automédiatisation »

Des formats toujours pertinents à réinventer et valoriser


Les outils techniques (caméra, table de montage vidéo) restent toujours pertinents de nos jours, selon Jérôme Dubuis, mais le public devient exigeant en matière de qualité visuelle et sonore. Les vidéos ont évolué vers des formats plus courts.

Or, la démarche MSE nécessite du temps et de la créativité pour transformer un matériau en un rendu attractif et pouvoir le valoriser : « L’époque actuelle requiert aussi une diversification des médias et des outils de capture (le smartphone a fait une percée dans le quotidien des gens). Par ailleurs, il faut du temps pour analyser et interpréter les matériaux collectés. Les rendus nécessitent une attention soutenue, de même que la mobilisation de nombreux partenaires et publics ».

Accepter de prendre du temps

La force de MSERA est d’accepter de toujours donner du temps - à une époque où la technologie accélère peut-être trop les choses – pour qu’un public puisse s’exprimer autrement que par des stéréotypes pour offrir ce qu’ils ont de plus intéressant.

« Il me semble qu’on peut tout à fait conserver la longueur des films tout en essayant de développer une pédagogie en amont, mais aussi en aval, en s’inspirant par exemple du diagnostic local d’accompagnement pour pouvoir mettre en avant ce qui se passe dans l’entreprise, ce qui permettrait de valoriser davantage le savoir-faire de l’association et ses rendus, sans trahir la démarche originelle, mais en l’enrichissant » estime Jérôme Dubuis. Et de conclure : « J’ai emmagasiné beaucoup d’expérience et de matériau sociologique sur les publics en insertion, et mon passage chez MSERA reste un moment marquant et enrichissant de mon parcours professionnel. J’ai été fier de représenter cette structure-là. Donner la parole à ceux qui ne l’ont pas est l’une des solutions qui porte le plus de fruits pour les publics ciblés ».