Frédéric Raynouard

Extrait de "Nous c'est vous"

#institutionnel #politiquedelaville #viedequartier

En 2010, Frédéric Raynouard travaillait sur un programme européen appelé « Programme Urbain Intégré ». À l’époque, Maurice Charrier, maire de Vaulx-en-Velin et vice-président de la Communauté urbaine de Lyon en charge de la Politique de la ville, avait fait avancer plusieurs questions sociales qui ne faisaient pas partie des compétences originelles de l’institution, centrées sur l’urbanisme. Maurice Charrier avait donc poussé le thème de la solidarité urbaine, en soutenant des associations d’envergure intercommunale intervenant dans les territoires de la politique de la ville sur des thématiques comme la jeunesse, la solidarité, la culture et l’expression des habitants. L’action sociale et de solidarité était déjà présente au niveau des communes, mais comment passer à l’échelon supra-communal ?

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PDF du témoignage complet Frédéric Raynouard disponible.

PAS DE POLITIQUE DE LA VILLE SANS ÉCOUTE DES HABITANTS

Un savoir-faire nécessaire pour susciter l’expression des habitants


« La politique de la ville concernait une soixantaine de quartiers. Le Grand Lyon finançait des équipes dans ces quartiers mais le financement d’actions autour de questions sociales et de participation des habitants n’était pas vraiment de notre compétence. C’est dans ce cadre-là que j’ai rencontré MSERA.

Bien qu’il y ait eu des habitants engagés dans les quartiers, il était important de leur permettre d’acquérir une méthodologie, un savoir-faire, un savoir-être pour faire s’exprimer et synthétiser certaines choses, mais aussi aider à préparer cette expression en amont ». « J’ai découvert tout le travail de revisionnage de l’expression, les allers et retours entre ce qui a été exprimé et la pensée réelle. Le travail de la vidéo et de l’image en individuel et collectif permet de questionner le circuit de la pensée. Cela force à l’écoute, à être attentif et cela influence sa propre pensée individuelle et son mode d’expression au sein d’un collectif. C’est un processus très fécond »

Le film comme vecteur de la parole locale


Depuis le début des années 2000, l’agglomération bougeait, notamment avec le Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU), qui reposait la question de l’urbanisme de ces quartiers. Tous les jours, la ville change, on démolit et on reconstruit, mais ces quartiers, on ne pouvait pas les faire bouger.


Les enquêtes ont fait remonter à la fois, une attente pour transformer ces territoires et un mal-être dans les quartiers, un mélange complexe de vues (peur, éloignement, incompréhension, ...). Pour Frédéric Raynouard « Il s’est produit une accélération de la question de l’expression, de la communication, le web explosait, des outils tels que la vidéo et l’image commencent à apparaître. Se servir de l’outil de la communication pour en faire un outil d’expression semblait donc pertinent ».

Un long travail préparatoire en amont


Trouver des participants et des opérateurs dans l’espace intercommunal fut compliqué. Il ne fallait pas donner le sentiment d’un « parachutage » d’opérations au sein d’un territoire menant déjà des actions de terrain. Il était important de faire s’exprimer les personnes qui avaient un parcours d’engagement pour démontrer aussi que ces quartiers disposaient de belles ressources et n’étaient pas que des nids à problèmes. « Nous avions la volonté de casser certaines images préconçues, mais sans orienter les choix de MSERA » précise Frédéric Raynouard.

Développement durable : un sujet peu courant en milieu populaire


MSERA a effectué un travail autour d’un film consacré au développement durable en milieu populaire. « Certains avaient le sentiment que ces personnes étaient déconnectées des enjeux de la planète. Bien au contraire, le film a fait voler en éclat certains préjugés et idées reçues ».

Des films formateurs et différenciants


À l’occasion des réunions mensuelles de ses équipes, Frédéric Raynouard a pu constater l’évolution des personnes qui avaient participé au film. L’outil avait été formateur. A-t-il aussi fait bouger le territoire sur lequel il est intervenu ?


« J’utilise des films réalisés par des agences de communication. Les gens sont devenus familiers avec ces documents. Or, les films de MSERA offrent tout autre chose. Leur approche n’est pas la même et n’est pas forcément simple à présenter et à transmettre à un public donné. Leurs films créent une originalité et une différenciation par leur méthodologie de travail et leur processus en amont, très riche, pour préparer l’expression ».


Un outil de réflexion, pas de communication


Dans un film de MSERA, il y a ce qui est dit et montré, mais aussi tout un processus pour arriver à une expression permettant de poursuivre un travail sur un thème donné. Il faut donc y associer une démarche pédagogique en aval afin de le compléter, au contraire d’un film de communication, qui est fini en soi.


Frédéric Raynouard constate que, de nos jours, l’espace-temps s’est comprimé. « La communication a sans doute gommé l’expression et l’écoute. Or, écouter demande du temps et, en matière de participation des habitants, une parole doit être faite pour être écoutée, et pas seulement communiquée ».