Dominique Thierry

Extrait de "Nous c'est vous"

#emploi #compétences #engagement #gestiondeprojet

Dominique Thierry a été le créateur de l’association Développement et Emploi et son délégué général de 1981 à 2002. Il est actuellement président d’honneur de France Bénévolat et vice-président de RESOKIS. Il a croisé le chemin de Bertrand Schwartz dans l’exercice de ses fonctions au sein des deux associations précitées.



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PDF du témoignage complet de Dominique Thierry disponible.

LE SUPPORT FILMIQUE EST UN EXCELLENT MOYEN POUR MOBILISER ET ENGAGER LES GENS

La question des compétences

En tant que délégué général de Développement et Emploi, Dominique Thierry travaillait beaucoup autour des notions d’emplois, de compétences, de requalifications et de reconversions. Ayant travaillé pendant 25 ans sur des questions d‘emplois, de restructurations industrielles et de reconversions, dans le cadre de ses actions de conseil en entreprise, il a eu besoin de se reposer sur les concepts imaginés par Bertrand Schwartz. Le duo a travaillé sur les compétences transversales - communes à plusieurs métiers - et transposables - c’est-à-dire applicables à d’autres métiers. Il s’agissait donc de mixer métiers et compétences.


À l’époque, on parlait de postes, de fonctions, d’organisation encore taylorienne et hiérarchisée du travail. Les gens étaient formatés pour accomplir certaines tâches précises. France Bénévolat a beaucoup travaillé ultérieurement avec les Missions Locales créées par Bertrand Schwartz, à l’époque des démarches d’insertion pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi. Le bénévolat est selon lui un vecteur de développement des compétences, qui seront parfaitement transposables ensuite.


La puissance de la parole livrée

Par la suite, Bertrand Schwartz a créé MSE et a imaginé l’auto médiatisation. « A l‘époque, je lui avais dit que ce terme relevait un peu du jargon. Je me souviens très bien avoir visionné ses premières réalisations sur des cassettes magnétoscopes. Je me souviens comme si c’était hier d’une « parole de tuteur » qui est encore pertinente de nos jours. Dans ce témoignage, on voyait un maçon portugais raconter que son chef voulait qu’il devienne tuteur alors que lui-même n’y tenait pas. Ce témoignage (« depuis que je suis tuteur, je maçonne mieux ! ») démontrait de façon exemplaire que lorsqu’on est capable de transmettre son métier et ses compétences, on progresse soi-même dans son métier ».


« De mémoire, Moderniser Sans Exclure fut le dernier projet opérationnel de Bertrand. Il me l’a présenté autour des années 94-95. J’ai compris exactement sa vision de départ : comment donner la parole à ceux qui ne la prennent pas. Il a donc initié l’auto médiatisation, qu’il n’a pas forcément été bien comprise originellement. » raconte Dominique Thierry.

Nous avons estimé, à France Bénévolat, que le support filmique était un excellent moyen pour mobiliser et engager les gens. Ainsi, nous avons notamment fait réaliser plusieurs films sur les jeunes, le bénévolat, les conditions de retraite des seniors et encore l’engagement des salariés, la solidarité intergénérationnelle – Ils ont été utilisés des centaines de fois ! »


À chaque fois, le cahier des charges était simple : il fallait trouver des acteurs sur ces différentes questions et les filmer. Il fallait aussi trouver des budgets conséquents avec des partenaires sensibles sur ces sujets, comme par exemple la Fondation SNCF pour l’intergénérationnel. Marianne Eshet, la déléguée générale de la Fondation SNCF, avait été impressionnée par l’impact des films.


Le film comme vecteur d’engagement


Tous les films faits avec MSE ont été très largement utilisés, originellement pour promouvoir les actions de bénévoles. « Nos actions n’auraient clairement pas eu le même impact. Nous avions constaté une progression de l’engagement des jeunes en bénévolat, dans les lycées et auprès des missions locales ».


Ainsi, des dizaines de forums ont été mis en place autour de l’intergénérationnel. Pour amorcer le dialogue, le film « On est tous le vieux de quelqu’un » a été régulièrement employé et continue d’être pertinent. Quand on passe le film devant des ados en lycée professionnel dans une banlieue pas facile, leurs applaudissements sont la récompense d’un travail bien mené à travers leur capacité d’identification et d’écoute. Leur vocabulaire, par contre, évolue rapidement au fil des ans. Les films restent tout à fait utiles pour amorcer la discussion sur des sujets sociétaux compliqués et entraîner des projets concrets. La clé du succès réside dans le montage, toujours délicat.

« Réfléchir, échanger, s’impliquer nécessite une appropriation du sujet en question. Il faut donc que les donneurs d’ordre acceptent de donner du temps au temps pour un tel projet. Cependant, les chefs d’entreprise qui ont conscience de la richesse de la démarche autour de la prise de parole en auto médiatisation sont encore trop rares. Or, il y a toute une dynamique sur laquelle on peut capitaliser ».•