Christine Martin-Cocher

Extrait de "Nous c'est vous"

#agroalimentaire #vieillissementautravail #pénibilité #coconstruction

Chargée de mission à l’Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (Aract) depuis 2006, elle a piloté un projet autour de l’usure professionnelle et de la gestion des âges. À ce titre, elle a fait appel à MSERA pour le projet « Innov’Age » en 2011. L’Aract souhaitait provoquer une prise de conscience incitant les entreprises à ne plus cataloguer les seniors et à innover pour permettre le maintien en emploi et l’allongement des carrières. Avec ce projet, l’Aract proposait aux entreprises de réaliser un diagnostic sur la répartition des âges et d’agir pour les phénomènes d’usure, de pertes de compétences, de désengagement et de problèmes de santé liés au travail.

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PDF du témoignage complet de Christine Martin-Cocher disponible.

AIDER L'ENTREPRISE À SURMONTER L'USURE PROFESSIONNELLE

La recherche de témoignages des collaborateurs


C’était un processus long car il fallait que l’entreprise libère un certain nombre de collaborateurs à divers niveaux (cadres, salariés, représentants du personnel). Or, elle s’était engagée à les faire avancer gracieusement sur ces sujets-là. Le parti pris a consisté à s’appuyer sur les retours des collaborateurs eux-mêmes. Il fallait identifier grâce à eux les causes d’usure, mais aussi les leviers d’actions permettant de travailler plus longtemps.


Ce qui a été particulièrement intéressant, c’est de croiser les échanges entre une entreprise déjà bien avancée sur le sujet des seniors qui menait une politique sociale très active basée sur le management participatif et une autre qui souhaitait initier une démarche de prévention et devait faire face à des difficultés en matière de conditions de travail.


Une démarche inter-entreprises


La démarche de MSERA consiste à donner la parole, celle de l’Aract repose sur l’observation du travail. Donner la parole à ceux qui exercent le travail semblait donc complètement logique. Dans ce cadre-là, la médiation qu’apporte la vidéo permet aux différents acteurs de s’exprimer et d’être entendus. Le groupe projet a souhaité organiser des groupes d’échange mixtes, inter-entreprises. 3 groupes de paroles (salariés, cadres/direction, représentants du personnel) provenant des deux entreprises retenues ont donc été constitués.


« Être à l’aise devant la caméra n’était pas un critère. Il suffisait d’être d’accord pour échanger et faire part de son point de vue avec d’autres. On a laissé les entreprises choisir leurs représentants, en insistant sur le volontariat de la démarche » explique Christine Martin-Cocher. « Un des points forts de MSERA, c’est que ses animateurs sont des experts dans leur domaine ou des passionnés de l’image qui connaissent bien le monde de l’entreprise et les institutionnels. Ils ont adapté la méthode MSE à l’équipe mise en place autour du travail sur l’usure. Selon moi, le succès de la « méthode MSE », c’est la co-construction de la parole du groupe. Cette expression d’une parole collective est née de l’expertise de MSERA à piloter tout le processus ».


Une co-construction multiple


La force de l’image et des mots fut parfois très dure pour certains protagonistes. « Ils montrent extrêmement bien ce qui génère l’usure professionnelle et ce qui favorise l’allongement des carrières. Les gens se sont livrés de façon très sincère à tous les niveaux. Certes, les thèmes sont connus, mais le partage leur donne encore plus de force et d’impact. Salariés, personnel d’encadrement, direction, représentants du personnel peuvent avoir une vision commune sur certains points, mais parfois aussi des représentations fausses. [...]


Il est important de préalablement sensibiliser les groupes à l’écoute pour que les enjeux concrets de chacun soient bien contextualisés ». Les films montraient à la fois l’engagement de certains salariés mais aussi leurs désappointements, voire leurs colères. L’implication des salariés et la co-construction avec eux sont des clés pour lutter contre le phénomène d’usure. C’est l’engagement envers l’entreprise qui est en jeu. « Utiliser la médiation de la vidéo dans l’analyse du travail permet une prise de conscience cruciale : les solutions émanent souvent de ceux qui exercent le travail en question. MSERA incite les entreprises à une démarche plus inclusive et participative, pour imaginer des solutions concrètes et simples à mettre en œuvre » d’après Christine Martin-Cocher.


Un double effet-miroir et effet-levier


Une entreprise a pu capitaliser sur les actions déjà mises en œuvre en son sein et montrer à celle en difficulté la dynamique et les bénéfices que cela peut générer. Ce projet de longue haleine s‘est étalé de 2012 à 2014. Les films ont permis aux entreprises d’expérimenter des leviers d’actions, de poser le diagnostic autour de l’âge. « Nous invitons tous les niveaux hiérarchiques à l’échange, en nous interdisant d’apporter des solutions à leur place, juste de la méthode. C’est en se recentrant sur les problématiques de travail qu’ils trouvent leurs propres solutions. La méthode proposée par MSE est donc en phase avec notre approche puisqu’elle donne la parole à ceux qui font ce travail en partageant les points de vues, en amenant des éléments de compréhension et du pouvoir d’agir à chacun des groupes de protagonistes » conclut-elle.